Tuberculose bovine : apprendre à vivre avec ou laisser mourir l’élevage ?

Confédération paysanne de la Charente
Communiqué de presse
Le mardi 6 avril 2021 à Saintes,
Tuberculose bovine : apprendre à vivre avec ou laisser mourir l'élevage ?
Les éleveur-ses charentais continuent à payer un lourd tribut à la gestion politique catastrophique de la tuberculose bovine.
Pour maintenir indemne son statut d'exportateur au regard des exigences européennes, la France mène des contrôles de prophylaxie drastiques et abat les animaux au moindre doute d'infection de tuberculose bovine dans les zones dites sensibles. En mars 2021, la politique publique de gestion de la tuberculose bovine a décimé les troupeaux de deux élevages du Sud Charente. Aujourd'hui, les éleveur-ses vivent sous la menace perpétuelle de l'administration qui, elle-même sous la pression des filières d'exportation, entretient le mythe selon lequel la maladie et le bacille seront vaincus à coup d'abattages.
La Charente est l'un des quatre départements français classés « Zones de prophylaxie renforcée ». C'est-à-dire que des contrôles de prophylaxie ont lieu tous les ans, là où d'autres départements sensibles n'y sont contraints que tous les deux ou trois ans. Ici, il suffit qu'un animal soit positif aux contrôles pour que la totalité du cheptel soit abattu.
L'esprit général du traitement de la tuberculose bovine tend à culpabiliser et à incriminer les éleveur-ses des zones sous surveillance, leur laissant la charge de supporter seuls les contraintes de la gestion de la maladie. On nous exige, à nous éleveur-ses, des règles de biosécurité telles que : installer des doubles clôtures, interdire aux bovins l'accès aux terriers de blaireaux, installer des pédiluves à l'entrée des bâtiments, installer des abreuvoirs et les pierres à lécher en hauteur, etc…
Pourtant, malgré la mise en place de ces mesures de biosécurité, il reste des facteurs de risque sur lesquels les paysan-nes ne peuvent avoir d'emprise :
- Dans les faits : les doubles clôtures n'empêcheront pas la faune sauvage de traverser les prairies : c'est précisément ce qui a coûté la vie aux animaux de l'élevage de Deviat.
- La proximité de bois ou de réserves de chasse privées, qui renferment de véritables élevages de faune sauvage qu'on ne peut piéger étant donné le caractère privé des lieux, accentue les risques de contamination. Pourquoi laisse-t-on les propriétaires de ces réserves condamner à loisir les élevages bovins à proximité ?
- Le bacille est naturellement présent dans nos sols : nous devons garder en tête que cette maladie sera toujours présente.
Comment se fait-il que la gestion de la maladie soit uniquement encadrée par ces mesures de biosécurité ? Celles-ci sont censées protéger les éleveur-ses, mais pas toute la filière ! Les éleveur-ses des zones sensibles ne doivent pas payer à elle-eux seul-es le droit aux autres d'exporter sans contrôle ! Rappelons tout de même que la viande reste consommée, consommable, et qu'elle fait la part belle aux groupes tels que Bigard, qui achètent cette viande à bas prix.
Pour la Confédération paysanne, cette gestion de la maladie, centrée sur la culpabilisation des éleveur-ses ne peut plus durer : si l'Etat souhaite uniquement protéger son statut pour l'exportation, il existe d'autres moyens que d'éradiquer la maladie à coups d'abattages ici et là ! Ces abattages ne permettent pas de contenir la maladie ailleurs et mettent sérieusement en péril la vie des élevages et la stabilité de la filière locale. Pourquoi n'axe-t-on pas le travail sur le renforcement de l'immunité des animaux ? A nouveau, la tuberculose bovine sera toujours présente : elle ne peut pas être balayée d'un revers de manche ou par une norme administrative.
Contacts :
Agnès FORTIN ROUSTEAU, co-porte-parole : earljycrois16@orange.fr– 06 80 52 00 13
Jérémy HAMON, co-porte-parole : jeremydebayers@yahoo.fr- 06 52 82 17 07
Pierre BOUSSEAU, éleveur : pierre.nougerede@orange.fr– 06 62 83 04 95