Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.
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DossierDu champ au fusil : la paysannerie dépossédée
La chasse et la régulation du gibier sont un enjeu politique et syndical. C'est ce qui ressort fortement de ce dossier. Parler chasse, c'est avant tout parler d'habitat au sens anthropologique. En d'autres termes, c'est définir le lien que nous entretenons avec notre environnement, notre territoire, nos élevages, notre voisinage, notre communauté.
Habiter, c'est pour nous paysan·nes être souverain·es sur notre capacité à construire et entretenir nos moyens d'existence, de subsistance, de production avec les ressources agronomiques, écologiques des territoires. C'est l'industrialisation de l'agriculture qui fait disparaître les haies, les bocages, et les paysan·nes, et donc la chasse paysanne. Cette industrialisation, au service d'un capitalisme extractiviste, a modifié notre rapport à l'habitat et a fait, entre autres, émerger une chasse de loisir, consommatrice, déconnectée de sa vocation paysanne.
Pour les puissant·es, contrôler l'habitat des populations avec la propriété privée et les droits d'usage a toujours été un enjeu de domination. Si la question du droit de chasse ne se pose plus depuis la Révolution française, la maîtrise de l'aménagement du territoire, la gestion de la régulation du gibier et donc la maîtrise des habitats, interroge directement la subsistance des paysan·nes. L'appropriation outrancière des espaces par la classe bourgeoise s'illustre notamment par les chasses des ultra-riches qui privatisent les forêts et débarquent en hélicoptère pour tuer de façon obscène un maximum de sangliers.
En réaction et à l'opposé, des mouvements écologistes et animalistes portent une volonté de sacralisation de la nature et du vivant qui entre également en contradiction avec l'intérêt des paysan·nes.
Se réapproprier la chasse, défendre une régulation du gibier équilibrée, compatible avec nos activités agricoles et paysannes, c'est, une fois de plus, porter une voix singulière sur le lien au vivant, aux territoires, aux animaux et à la mort… Un lien singulier qui permet le maintien d'une agriculture paysanne, et avec elle, la biodiversité au sens large. Ainsi, nous revendiquons une écologie politique, paysanne et autodéterminée.
Prendre son permis de chasse, maintenir le lien avec les associations communales de chasse, ou encore se battre pour des indemnités accessibles et justes, ce sont les multiples facettes d'un combat syndical, légitime, important et indispensable pour la défense des paysan·nes.
Stéphane Galais,
porte-parole
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